
La peur qu’un locataire sabote votre achat est légitime, mais elle se surmonte en remplaçant la confrontation légale par une diplomatie immobilière stratégique.
- L’audit des baux et des ententes verbales révèle les risques cachés avant même la première poignée de main.
- La négociation se gagne avec des données objectives (revenus nets, comparables de marché) qui rendent votre offre indiscutable.
- Le point de vue de la banque n’est pas un obstacle, mais une grille d’analyse rigoureuse que vous devez adopter pour évaluer la viabilité réelle de l’investissement.
Recommandation : Traitez le locataire non comme un obstacle, mais comme votre première et plus précieuse source d’information sur la véritable santé de l’immeuble.
La visite approche. Vous avez le droit pour vous, un avis de 24 heures envoyé en bonne et due forme. Pourtant, une crainte sourde et bien réelle persiste : et si le locataire, mécontent de voir son quotidien perturbé ou craignant une éviction, décidait de « saboter » la visite ? Un commentaire acerbe, une mise en scène de désordre, ou la mention opportune d’un problème imaginaire… tout ce qui pourrait faire capoter la vente. Cette anxiété, partagée par de nombreux acheteurs de plex au Québec, est parfaitement légitime. Elle touche au cœur de l’investissement locatif : la dimension humaine.
On vous a sans doute répété la loi : le locataire ne peut refuser la visite sans motif sérieux. On vous a conseillé de « rester poli » et de vous concentrer sur les aspects techniques du bâtiment. Ces conseils, bien que justes, sont radicalement insuffisants. Ils ignorent la psychologie en jeu et vous positionnent comme un intrus. Mais si la clé n’était pas dans le Code civil, mais dans un changement complet de posture ? Si, au lieu d’agir en simple inspecteur, vous endossiez le rôle d’un diplomate-enquêteur ? L’objectif n’est plus seulement de vérifier l’état des murs, mais de bâtir un premier pont de confiance, de transformer le locataire de source de risque en source d’information stratégique.
Cet article vous guidera à travers cette approche. Nous allons déconstruire le processus d’achat d’un immeuble à revenus, non pas sous l’angle purement technique ou légal, mais sous celui de l’intelligence situationnelle. De l’audit des baux à la négociation basée sur les revenus réels, en passant par la compréhension des exigences bancaires, vous découvrirez comment chaque étape est une occasion de désamorcer les tensions et de prendre des décisions plus éclairées. Car acheter un plex, c’est avant tout investir dans des relations.
Cet article détaille les stratégies essentielles pour naviguer avec succès dans l’achat d’un immeuble à revenus occupé. Le sommaire ci-dessous vous donne un aperçu des points cruciaux que nous aborderons pour faire de vous un investisseur avisé et un diplomate aguerri.
Sommaire : Maîtriser l’art d’acheter un plex avec ses locataires
- L’audit des baux : comment débusquer les ententes verbales qui vous coûteront cher ?
- Mise de fonds pour le locatif : pourquoi la banque exige-t-elle 20% dès le 3e logement ?
- Négocier le prix basé sur les revenus nets : comment faire baisser un vendeur irréaliste ?
- Acheter un immeuble vide ou squatté : les risques immenses des reprises en locatif
- Le plan de 100 jours : quelles actions poser dès la prise de possession pour augmenter la valeur ?
- Dépenses courantes vs Dépenses en capital : l’erreur comptable qui attire l’audit de l’ARC
- Assurance prêt pour investissement : comment fonctionne le programme APH Select pour le multilogement ?
- Revenus bruts effectifs : comment la banque « coupe » vos revenus locatifs lors de la qualification ?
L’audit des baux : comment débusquer les ententes verbales qui vous coûteront cher ?
Avant même de planifier la première visite, votre travail d’enquête commence par les documents. L’audit des baux est la première manœuvre de votre **diplomatie immobilière**. C’est ici que vous débusquez les risques invisibles et que vous préparez le terrain pour vos interactions futures. Un bail mal rédigé, ou pire, une entente verbale floue, est une bombe à retardement financière. Vous pourriez hériter d’un loyer bien en dessous du marché, d’une promesse d’inclure le déneigement ou même l’accès à un stationnement non mentionné officiellement.
La première étape est de vérifier que chaque logement est couvert par un formulaire de bail du Tribunal administratif du logement (TAL). Au Québec, l’utilisation de ce formulaire est obligatoire. Son absence est un premier drapeau rouge majeur, car il signifie que les termes de la location ne sont pas standardisés, ouvrant la porte à des interprétations coûteuses. Un rapport du CORPIQ rassure en estimant que 93% des locataires ont de bonnes relations avec leur propriétaire au Québec. Votre but n’est donc pas de suspecter tout le monde, mais d’identifier méthodiquement les quelques situations qui pourraient dévier de cette norme positive.
Examinez chaque clause : le montant du loyer, les services inclus (chauffage, électricité, internet), les règles sur les animaux, etc. Comparez ces informations avec les déclarations du vendeur. Toute divergence doit être clarifiée par écrit. Pour les ententes verbales, la meilleure stratégie est de les faire confirmer par le vendeur et de les consigner dans un addendum au contrat d’achat. C’est un acte de clarification qui protège toutes les parties, y compris le locataire, et qui établit dès le départ votre réputation de propriétaire rigoureux et juste.
Mise de fonds pour le locatif : pourquoi la banque exige-t-elle 20% dès le 3e logement ?
Comprendre la perspective de la banque est fondamental. Lorsque vous achetez un immeuble à revenus, particulièrement à partir du troisième, le prêteur ne vous évalue plus seulement comme un particulier, mais comme un gestionnaire d’entreprise. L’exigence d’une mise de fonds de 20 % n’est pas une règle arbitraire ; c’est un mécanisme de gestion du risque. La banque considère qu’un investisseur possédant plusieurs portes a un profil de risque plus concentré et doit donc démontrer une plus grande solidité financière. Ce coussin de 20 % assure que vous avez suffisamment de « peau dans le jeu » pour rester engagé même si le marché fluctue ou si vous faites face à une vacance imprévue.

Cette prudence est exacerbée par le contexte économique. Avec près de 1,2 million de prêts hypothécaires à renouveler au Canada à des taux potentiellement plus élevés, les institutions financières resserrent leurs critères. De plus, les nouvelles directives du BSIF limitent les prêts à un ratio prêt-revenu de 4,5. Pour un couple gagnant 100 000 $, cela signifie qu’un emprunt de plus de 450 000 $ pourrait être refusé. Cette règle s’applique à votre dette globale, incluant vos autres propriétés. La banque s’assure ainsi que vous n’êtes pas surendetté et que vous pouvez absorber les chocs.
Au lieu de voir cette exigence comme un obstacle, considérez-la comme une première grille d’analyse de la viabilité de votre projet. Si rassembler les 20 % de mise de fonds semble irréaliste, c’est peut-être un signe que l’investissement est trop ambitieux pour votre situation actuelle. C’est un garde-fou qui vous protège autant qu’il protège la banque. Maîtriser cet aspect financier est une preuve de votre sérieux en tant qu’investisseur, un signal fort envoyé à votre banquier, qui deviendra un partenaire clé dans la croissance de votre parc immobilier.
Négocier le prix basé sur les revenus nets : comment faire baisser un vendeur irréaliste ?
L’enthousiasme du vendeur pour son propre immeuble peut parfois le conduire à fixer un prix déconnecté de la réalité du marché et, surtout, de sa rentabilité. Face à un vendeur irréaliste, la confrontation directe est rarement productive. Votre meilleure arme est une **argumentation factuelle et dépersonnalisée**, basée sur les revenus nets d’exploitation (RNE) et des données de marché comparables. C’est le langage que les évaluateurs et les banquiers comprennent, et il est difficile à contester.
Commencez par obtenir du vendeur tous les documents financiers : les baux, les factures de taxes municipales et scolaires, les relevés d’assurance, et les coûts d’énergie des 24 derniers mois. Votre objectif est de calculer le RNE réel, pas celui, souvent optimiste, présenté par le vendeur. Le RNE est simple : Revenus Bruts Annuels moins toutes les dépenses d’exploitation (excluant le service de la dette). C’est ce chiffre qui détermine la véritable valeur de l’immeuble. Une fois le RNE établi, vous pouvez le comparer au prix demandé en utilisant le multiplicateur de revenus nets (MRN) du secteur, qui est simplement le Prix de vente / RNE.
En parallèle, armez-vous de données de marché objectives pour justifier votre offre. Le marché des plex a vu des augmentations significatives, mais variables selon les secteurs. Par exemple, à Montréal, le prix moyen d’un duplex a atteint 778 685 $ en 2024. Présenter ces chiffres permet de cadrer la discussion. Un tableau comparatif des prix médians est un outil visuel puissant lors des négociations.
Le tableau suivant, basé sur des données récentes, illustre l’évolution des prix et peut servir de base objective à votre argumentation.
| Type de propriété | Prix médian 2024 | Hausse annuelle |
|---|---|---|
| Maisons unifamiliales | 450 000 $ | 8 % |
| Copropriétés | 378 000 $ | 5 % |
| Petits immeubles à revenus | 585 000 $ | 12 % |
En présentant une offre basée sur ces calculs, vous ne critiquez pas le vendeur ; vous présentez une analyse d’affaires rigoureuse. Cette approche factuelle et professionnelle a beaucoup plus de chances de faire plier un vendeur irréaliste qu’une simple demande de rabais.
Acheter un immeuble vide ou squatté : les risques immenses des reprises en locatif
L’idée d’acheter un immeuble vacant pour y placer ses propres locataires ou pour y loger un membre de sa famille peut sembler séduisante. Cependant, cette situation, surtout si elle implique une « reprise de logement », est l’une des plus risquées et complexes en droit locatif québécois. Le droit au maintien dans les lieux est un principe fondamental qui protège le locataire. Vous ne pouvez pas simplement mettre fin à un bail parce que vous êtes le nouveau propriétaire. La loi prévoit des motifs de reprise très stricts, comme y loger soi-même, ses ascendants, ses descendants, ou tout autre parent dont on est le principal soutien. Toute autre raison est généralement invalide.
Le processus de reprise est semé d’embûches et de délais légaux stricts. Vous devez envoyer un avis écrit au locataire au moins **six mois avant la fin du bail**. Le locataire a ensuite un mois pour accepter ou refuser. S’il refuse ou ne répond pas, vous devez déposer une demande au Tribunal administratif du logement (TAL) pour obtenir l’autorisation de reprendre le logement. C’est à vous de prouver que votre demande est faite de bonne foi et n’est pas un prétexte pour relouer plus cher.
Acheter un immeuble déjà squatté ou avec des locataires en situation de conflit ouvert avec l’ancien propriétaire est encore plus périlleux. Vous héritez d’un problème qui peut prendre des mois, voire des années, à résoudre devant le TAL, engendrant des frais juridiques et une perte de revenus considérable. La diplomatie immobilière est ici votre seul véritable outil préventif. Lors des visites, évaluez l’état de la relation locataire-propriétaire. Des signes de négligence, de tension ou de communication rompue sont des drapeaux rouges aussi importants qu’une fondation fissurée.
Checklist pour une reprise de logement en règle
- Vérification du motif : Assurez-vous que votre motif de reprise est l’un de ceux prévus explicitement par la loi (pour soi-même, un parent, etc.).
- Calcul des délais : Envoyez l’avis écrit au moins six mois avant la fin du bail. Utilisez un service de courrier recommandé pour avoir une preuve de réception.
- Documentation : Conservez une copie de toutes les communications écrites avec le locataire. Documentez la raison de votre besoin de reprise de manière factuelle.
- Anticipation du refus : Préparez-vous à la possibilité d’un refus. Si le locataire refuse, vous avez un mois pour ouvrir un dossier au TAL.
- Preuve de bonne foi : Rassemblez les éléments prouvant que votre demande n’est pas un prétexte (ex: vente de votre résidence actuelle, besoin réel d’espace pour un parent).
Le plan de 100 jours : quelles actions poser dès la prise de possession pour augmenter la valeur ?
L’acquisition d’un plex n’est pas une fin en soi, c’est le point de départ d’un projet d’optimisation. Les 100 premiers jours suivant la prise de possession sont cruciaux pour établir votre crédibilité en tant que gestionnaire, solidifier vos relations avec les locataires et poser les bases de l’augmentation de la valeur de votre actif. Agir avec un plan structuré dès le début envoie un message clair : vous êtes un professionnel. Dans un marché comme celui de la région de Québec, où le taux de vacance locative était de 0,8%, chaque optimisation a un impact direct sur la rétention et la rentabilité.
Votre première action, dans la première semaine, doit être d’établir un contact positif avec chaque locataire. Présentez-vous, confirmez les modalités du bail, et communiquez clairement les nouvelles procédures pour le paiement du loyer et les demandes de service. C’est le moment de mettre en pratique votre **diplomatie immobilière** : écoutez leurs préoccupations et montrez que vous êtes un propriétaire accessible et réactif. Cette première impression est déterminante pour la suite.
En parallèle, lancez un audit complet de la propriété. Cela inclut une inspection détaillée de chaque logement (avec l’accord des locataires), des aires communes et de l’extérieur du bâtiment. L’objectif est d’identifier les réparations urgentes et, surtout, les opportunités d’amélioration qui augmenteront la valeur. Pensez à un audit énergétique pour identifier les sources de gaspillage et les subventions disponibles pour des rénovations écoénergétiques. Des travaux ciblés, comme la rénovation d’un escalier extérieur ou l’amélioration de l’isolation, peuvent avoir un impact significatif sur l’attrait et la valeur de votre immeuble.

Enfin, ce plan de 100 jours n’est pas seulement opérationnel, il est aussi stratégique. Une fois votre plan d’optimisation défini (travaux, ajustements de loyer pour l’année suivante), présentez-le à votre banquier. Démontrer que vous avez une vision claire pour augmenter le revenu net de l’immeuble renforce votre crédibilité et facilite l’obtention de financements futurs pour d’autres acquisitions.
Dépenses courantes vs Dépenses en capital : l’erreur comptable qui attire l’audit de l’ARC
Une fois propriétaire, la gestion fiscale de votre immeuble devient une priorité. Une des erreurs les plus communes et les plus coûteuses est la mauvaise classification des dépenses. L’Agence du revenu du Canada (ARC) fait une distinction très nette entre une **dépense courante** et une **dépense en capital**, et une confusion entre les deux peut non seulement fausser votre rentabilité perçue mais aussi déclencher un audit fiscal.
Une dépense courante est une dépense engagée pour maintenir la propriété dans son état actuel. Elle est entièrement déductible de vos revenus locatifs dans l’année où elle est engagée. Pensez à la peinture d’un logement, au colmatage d’une fuite sur le toit, ou au remplacement d’une poignée de porte. Ces actions ne prolongent pas la vie de l’actif et ne l’améliorent pas fondamentalement ; elles le maintiennent en bon état de fonctionnement.
À l’inverse, une dépense en capital est un investissement qui améliore la propriété ou prolonge sa durée de vie utile. Le remplacement complet de la toiture, l’installation d’un nouveau système de chauffage ou le remplacement de tous les balcons en sont des exemples. Ces dépenses ne sont pas déductibles immédiatement. Elles sont plutôt capitalisées, c’est-à-dire ajoutées au coût de base de votre immeuble, et vous pouvez en déduire une partie chaque année via la Déduction pour Amortissement (DPA). Bien que moins avantageuses à court terme, ces dépenses réduisent le gain en capital imposable lors de la revente de l’immeuble.
Le tableau suivant donne des exemples concrets pour vous aider à distinguer ces deux types de dépenses, une compétence essentielle pour tout investisseur immobilier au Québec.
| Type de travaux | Classification | Traitement fiscal |
|---|---|---|
| Réfection complète toit plat | Capital | Amortissement sur plusieurs années |
| Colmatage fuite toiture | Courante | Déduction immédiate |
| Remplacement escalier fer forgé | Capital | Amortissement (DPA) |
| Peinture escalier existant | Courante | Déduction année en cours |
Tenir une comptabilité rigoureuse et classer correctement chaque dépense dès le départ vous évitera bien des maux de tête avec l’ARC. En cas de doute, il est toujours sage de consulter un comptable spécialisé en immobilier.
Assurance prêt pour investissement : comment fonctionne le programme APH Select pour le multilogement ?
Pour les investisseurs visant des immeubles multilogements de plus grande taille (5 portes et plus), les règles de financement changent à nouveau. C’est ici que des programmes comme APH Select, géré par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), deviennent des outils stratégiques. Ce programme n’est pas une simple assurance prêt ; c’est un système d’incitation conçu pour encourager les propriétaires à investir dans l’efficacité énergétique, l’accessibilité et l’abordabilité de leurs logements.
Traditionnellement, pour éviter de payer une assurance prêt hypothécaire, un acheteur doit fournir une mise de fonds d’au moins 20 %. En dessous de ce seuil, la banque exige une assurance pour se protéger contre le risque de défaut. Ce mécanisme a rendu l’accès à la propriété plus difficile, comme en témoigne le fait que la part des prêts non assurés est passée de 45 % en 2016 à 73 % en 2023. Les acheteurs prennent plus de risques pour entrer sur le marché.
Le programme APH Select renverse cette logique. Il utilise un système de points basé sur des critères sociaux et environnementaux. Plus votre projet immobilier est performant en termes d’efficacité énergétique (réduction de la consommation d’énergie), d’accessibilité (unités adaptées pour les personnes à mobilité réduite) et d’abordabilité (loyers inférieurs à 30 % du revenu médian de la région), plus vous accumulez de points. Ces points vous donnent accès à des avantages de financement exceptionnels : des primes d’assurance prêt réduites, des périodes d’amortissement plus longues (jusqu’à 50 ans) et des ratios prêt-valeur plus élevés (jusqu’à 95 %). En clair, en vous engageant à améliorer la qualité et l’impact social de votre parc immobilier, la SCHL vous permet d’emprunter plus, avec de meilleures conditions. C’est un levier puissant, surtout quand on sait que beaucoup d’emprunteurs doivent fournir un apport d’au moins 10 à 20% du montant du prêt pour être considérés.
Pour un investisseur, comprendre et intégrer les critères d’APH Select dans sa stratégie d’acquisition et de rénovation peut transformer un projet de « juste rentable » à « très rentable », tout en contribuant positivement à la crise du logement. C’est un parfait exemple où l’alignement des intérêts financiers et sociaux crée une valeur ajoutée pour toutes les parties prenantes.
À retenir
- La diplomatie prime sur le droit : une approche humaine et respectueuse avec les locataires est plus efficace que l’invocation de la loi pour obtenir leur coopération.
- Les chiffres sont vos meilleurs arguments : une négociation basée sur les revenus nets réels et les données de marché est plus persuasive que toute discussion subjective.
- L’achat est le début du projet : avoir un plan d’optimisation dès les 100 premiers jours est essentiel pour augmenter la valeur de l’actif et solidifier votre réputation d’investisseur.
Revenus bruts effectifs : comment la banque « coupe » vos revenus locatifs lors de la qualification ?
Lorsque vous présentez vos revenus locatifs à la banque pour une demande de prêt, ne soyez pas surpris si elle ne les prend pas en compte à 100 %. Les prêteurs appliquent ce qu’on appelle un « taux de vacance et de mauvaises créances » pour calculer vos revenus bruts effectifs. En d’autres termes, ils « coupent » une partie de vos revenus locatifs (souvent entre 5 % et 15 %) pour tenir compte du risque qu’un logement soit inoccupé ou qu’un locataire ne paie pas son loyer. C’est une mesure de prudence standard, mais elle peut avoir un impact significatif sur votre capacité d’emprunt.
Cette approche, bien que frustrante, est saine. Elle force l’investisseur à ne pas baser ses calculs de rentabilité sur un scénario parfait où les loyers sont toujours perçus à 100 %. Une méthode simple pour évaluer la rentabilité, adoptée par de nombreuses banques, est de viser un ratio de revenus de 110 % par rapport aux dépenses. Cela signifie que pour chaque 100 $ de dépenses annuelles (incluant taxes, assurances, entretien, mais avant l’hypothèque), vous devriez générer 110 $ de revenus locatifs. Cette marge de 10 % sert de coussin pour les imprévus.
Comprendre cette « coupe » est essentiel pour préparer votre dossier de financement. Au lieu de la subir, anticipez-la. Présentez vos propres calculs de rentabilité en utilisant une estimation conservatrice du taux de vacance. Montrez au banquier que vous comprenez les risques inhérents à l’investissement locatif et que vous les avez intégrés dans votre plan d’affaires. Cette proactivité démontre votre maturité en tant qu’investisseur et renforce la confiance de votre prêteur. Votre objectif est de parler le même langage que la banque, celui de la gestion du risque.
Bien que cette prudence soit de mise, l’investissement immobilier demeure historiquement très performant. Une étude estime que les investissements immobiliers au Canada achetés au début des années 2000 affichent aujourd’hui une rentabilité accrue entre 24 % et 30 %. Cela démontre que même avec des calculs conservateurs, le potentiel de croissance à long terme est bien réel pour les investisseurs disciplinés.
Pour mettre en pratique ces conseils et réussir votre prochain achat de plex, l’étape suivante consiste à obtenir une analyse personnalisée de votre situation financière et de vos objectifs d’investissement. Un expert pourra vous aider à traduire cette stratégie en un plan d’action concret.